La vingt-cinquième heure : Les secrets de productivité des entrepreneurs qui réussissent

1024 576 Le Club Des Investisseurs

La vie est courte. Le travail, censé être un moyen de vivre bien et non une fin en soi, et être en outre aujourd’hui facilité par les nouvelles technologies, semble pourtant stagner dans une dynamique de surenchère, de débordement, et le burn-out est désormais une notion parfaitement intégrée à notre quotidien. L’une des raisons identifiables est la mauvaise utilisation des outils et méthodes de travail à disposition qui nuit à leur efficacité, et une certaine apathie doublée d’impatience qui rend réfractaire à changer ses habitudes pour un résultat à long terme ou progressif plutôt qu’une révolution instantanée des résultats. Il faut donc revoir notre façon de penser l’efficacité et le succès, et viser à de petits changements qui pourront paraître insignifiants (gagner deux ou trois minutes par jour) mais qui cumulés représenteront cette vingt-cinquième heure (de détente, de partage avec les siens, de sommeil…) qui semble toujours manquer dans chaque journée de travail. C’est partant de ce constat d’évidence mais très concret que les trois auteurs ont posé cette question simple à plus de 300 entrepreneurs dans le monde entier : « qu’est-ce qui vous fait chaque jour gagner le plus de temps ? ». L’ensemble des réponses reçues et de leur application concrète par ces trois entrepreneurs performants s’est ainsi organisé en trois grandes orientations : s’organiser (pour allouer suffisamment de temps à chaque tâche), se concentrer (pour dédier la juste attention à chaque tâche ou problème) et accélérer (pour réduire le temps d’exécution de chaque tâche ou solution).

S’organiser

Il s’est passé 8000 ans entre la révolution agricole et la première révolution industrielle, mais 90 ans entre l’invention de l’ampoule et le premier voyage sur la lune, puis seulement 22 ans entre ce dernier et l’invention d’Internet et 9 ans entre la création d’Internet et le séquençage total de l’ADN. Plus encore, l’adoption des nouveaux outils technologiques n’a jamais été si rapide : le téléphone fixe a mis 80 ans à atteindre 80% des pénétration mondiale, mais le portable seulement 30 et le smartphone 10. Dans ce contexte d’évolution délirante à laquelle les entreprises doivent s’adapter en permanence, les plans à long terme n’ont plus aucun sens, et c’est une organisation de la pensée et de la façon de travailler valable en toutes circonstances qui doit être mise en place et intégrée pour avoir le temps et l’énergie de se consacrer à ces défis constants.

La puissance du « non »

La productivité, ce n’est pas faire beaucoup de choses, c’est faire ce qui est utile en un minimum de temps et d’effort. Dire oui trop souvent (pour étudier une idée, pour assister à une réunion, pour vous charger d’une tâche qui ne vous est pas dévolue) est souvent le symptôme d’un manque de définition claire et précise de votre rôle et de vos objectifs. Il est ainsi important de savoir se situer, et de refuser les sollicitations qui n’entrent pas dans le cadre de votre perspective. Une autre raison à cette disponibilité excessive se trouve également dans le besoin naturel de plaire et la crainte de vexer, blesser ou décevoir vos interlocuteurs. Il faut donc bien prendre conscience de ce qu’accepter quelque chose malgré vous, que vous ne voulez pas faire ou n’êtes parfois même pas en mesure de faire correctement, n’est pas une marque de respect ou de sympathie mais une source de rancœur et même un danger, puisque si vous différez la « déception », elle viendra lorsque vous effectuerez mal ou à contre-cœur la tâche demandée. Dire non en expliquant son refus est beaucoup plus respectueux, et indique à votre interlocuteur que vous avez écouté et analysé son besoin et que vous le respectez suffisamment pour ne pas lui faire perdre de temps ou bâcler le travail. Le secret est de ne pas vous focaliser sur le refus en lui-même mais de bien en expliciter les raisons, et fermeté ne signifie pas arrogance ou rejet : on peut – on doit – toujours dire non « gentiment ». À chaque sollicitation, demandez-vous toujours :

  • est-ce indispensable ?
  • est-ce utile dans le cadre de mes objectifs et de mon rôle tel que je les définis ?
  • suis-je la personne la plus à même de le faire / la seule personne à pouvoir le faire ?

Il vaut mieux perdre cinq minutes à justifier un refus que deux ou trois heures à faire quelque chose qu’on ne sait pas faire ou qu’on n’a pas besoin de faire.

Abusez de la « to-do list »

Lorsqu’on a beaucoup de choses différentes à accomplir, on se sent vite submergé et ces pensées parasitent la motivation et l’organisation. Le fait de noter systématiquement les choses à faire sous forme de listes permet d’abord de cesser d’y penser en boucle en supprimant la crainte d’oublier quelque chose. Cela permet également d’assurer le suivi de l’accomplissement et d’évaluer la productivité de façon concrète, et ajoute une dimension d’engagement en couchant cette obligation sur le papier. Choisissez un support constant (post-it, carnet, application dédiée dans votre PC…) et tenez-vous y. Rédigez vos listes avec des verbes d’action, et surtout en décrivant assez précisément la tâche et son résultat escompté, ce dernier point renforçant la motivation puisque le résultat est toujours plus agréable que la tâche elle-même (par exemple, ne notez pas juste « dossier Dubois » mais « étudier la radio Dubois et définir les deux solutions les moins douloureuses et les plus économiques pour lui pour qu’il signe un plan de traitement ».)

La règle des deux minutes

C’est une règle simple et d’une efficacité redoutable. Chaque fois que vous rédigez votre to-do list, si une tâche prend moins de deux minutes, faites-la plutôt que de la noter. Tout de suite. Vous vous rendrez très vite compte que beaucoup d’obligations qui viennent plomber votre élan et allonger vos listes sont en fait des micro-tâches qui pour ennuyeuses qu’elles puissent être, sont en fait si courtes à réaliser que vous perdez plus de temps à les écrire ou à les relire qu’à vous en débarrasser immédiatement.

Déléguez, déléguez, déléguez

Il existe trois phrases à bannir de son état d’esprit :

« Si je veux que ce soit bien fait, il faut que je le fasse moi-même ».
« Ça ira plus vite si je le fais moi-même ».
« C’est une tâche ingrate, je dois montrer l’exemple et le faire moi-même ».

Toutefois, déléguer ne signifie pas se débarrasser, et nécessite si ce n’est pas au départ votre habitude un investissement de temps (qui sera capitalisé sur le temps gagné par la suite) afin de former correctement les personnes à qui vous déléguez. Cela implique également un peu d’humilité, et d’accepter le fait que vous n’êtes pas irremplaçable ou le seul à pouvoir accomplir certaines tâches. Au-delà de la formation, il est en effet important également de ne pas verser dans le micro-management : vous déléguez un résultat attendu dans un délai clair, mais vous ne devez pas imposer les moyens d’atteindre ce résultat. Faites un peu confiance à vos équipes – et n’oubliez pas de les remercier et de prendre le temps de donner un feedback, témoin de l’attention que vous portez au travail accompli et de la valeur et de la confiance que vous accordez à l’exécutant.

Priorisez

Concrètement, l’image la plus parlante de la hiérarchisation des tâches dans une journée est celle de la jarre et des cailloux, initiée par Stephen Covey. Imaginez devoir remplir une jarre avec trois grosses pierres, une dizaine de cailloux et une poignée de sable. Si vous commencez par le sable au fond puis les cailloux, il y a de fortes chances que les grosses pierres ne rentrent plus. En revanche, si vous allez du plus gros au plus petit, cela fonctionne : les trois grosses pierres une fois calées, les cailloux se glisseront dans les espaces libres et le sable se faufilera dans le moindre interstice disponible jusqu’au fond de la jarre. De même, chaque jour, prévoyez les trois tâches les plus importantes et urgentes, programmez le temps nécessaire à leur accomplissement de A à Z (pas d’interruption), puis calez progressivement le reste des tâches urgentes mais moins importantes (les cailloux), puis importantes mais non urgentes (le sable).

La programmation des tâches avec une durée précise s’appelle en management le « timeboxing ». Ces créneaux prédéfinis permettent en fait d’éviter le report ou l’interruption de la tâche en la fixant comme un « rendez-vous avec soi-même ». Une erreur courante est d’inscrire à son agenda uniquement les rendez-vous et réunions, ce qui entraîne un déroulement réel de la journée dicté par l’extérieur et non réfléchi (lecture du courrier et des mails et réponses immédiates, téléphone, sollicitations…). Visualiser ces tâches comme le sable à caler dans le temps qui reste et les planifier effectivement permet d’en reprendre le contrôle.

Enfin, dans l’ordre de traitement des tâches, pensez à initier les tâches passives (par exemple briefer un collaborateur, télécharger un fichier lourd, solliciter une information administrative ou autre longue à arriver, « l’allumage du four » en cuisine) en premier, afin que le temps d’attente subséquent puisse être utilisé à autre chose qu’à attendre.

Combattez la procrastination

La procrastination est inscrite dans l’ADN humain et n’est pas un fantasme ou une excuse mais bien une réalité biologique : lorsque nous obtenons satisfaction, le cerveau libère de la dopamine, qui génère une sensation agréable de gratification immédiate. C’est pourquoi la perspective d’accomplir quelque chose qui nous ennuie ou une obligation désagréable, ou dont le résultat s’inscrit dans la durée et n’est pas immédiatement perceptible, crée un mécanisme de défense instinctif : la procrastination.

La première méthode éprouvée pour tenter de contourner le réflexe de rejet face à une tâche imposante est le découpage en micro-tâches plus abordables envisagées individuellement. Par exemple, plutôt que de vous dire « je vais écrire un livre » et vous décourager devant l’ampleur de la tâche avant même d’avoir commencé, visualisez chaque chapitre comme une poignée de sable, et insérez une ou deux pages dans votre jarre tous les jours. Ne vous surchargez pas avec les tâches annexes, que vous visualiserez comme les barreaux d’une échelle, c’est-à-dire un par un. Une fois le livre achevé, vous monterez le barreau « mise en page », puis le barreau « maquette », puis le barreau « édition » …

Deux autres réflexes ont fait leur preuves dans ce combat contre la procrastination : la deadline auto-imposée (si vous voulez préparer la présentation du plan de traitement de Monsieur X, fixez-lui rendez-vous sans attendre qu’elle soit prête, si vous voulez écrire un livre, annoncez à vos proches que vous leur ferez lire le premier chapitre le 15 du mois etc..) et la première seconde (le plus dur, ce n’est généralement pas l’accomplissement de la tâche en soi mais de s’y atteler). Sortez votre feuille et votre stylo ou votre traitement de texte, et rédigez, même mal, les premières lignes de votre présentation ou de votre livre, tout de suite, en transformant l’habituel délai « café », « e-mails », « juste une minute sur Facebook » en récompense a posteriori. N’hésitez jamais à rendre vos tâches plus attrayantes en vous accordant des compensations durant leur accomplissement (confort du poste de travail, musique ou grignotage si le contexte le permet…)

Se concentrer

Le règne de l’open-space, la démocratisation des outils de communication avancés et l’explosion de la production d’informations et de contenus entraîne aujourd’hui un déficit d’attention et d’assiduité qui est l’une des principales causes du manque de productivité. Il est donc important d’en prendre conscience et d’agir à la racine du problème, en éliminant ce qui nuit à la concentration et la continuité des tâches.

Chassez les pensées parasites

Le « nuage noir » des pensées parasites est, avant même les parasites extérieurs, l’une des causes premières de la déconcentration. Notre attention se porte rarement à 100% sur ce que nous sommes en train de faire mais dérive vers tout ce qui reste à faire et qu’il ne faut pas oublier : rendez-vous, relances, corvées… Il existe pourtant nombre d’outils permettant de se décharger de ces craintes d’oubli qui empoisonnent la concentration. Les alertes de rappels pré-programmables sur l’intégralité des agendas en ligne sont par exemple un excellent complément à la to-do list permettant d’être sûr que rien ne sera oublié ni aucune deadline dépassée sans avoir à y consacrer une attention permanente.

Le tri et l’évitement de l’accumulation sont également indispensables à la sérénité nécessaire à une bonne concentration. Une boîte mail saturée, un bureau en désordre sont un rappel constant qu’il y a plus de choses à faire que de tâches accomplies. Rangez ce dont vous n’avez pas besoin, videz votre boîte de réception en classant vos mails en sous-dossiers dès leur lecture (par exemple « traités », « to-do list » si vous n’avez pas le temps de répondre immédiatement et… corbeille pour le reste !).

Protégez-vous des tentations

Les nouveaux médias, outils de type smartphones et réseaux sociaux sont pensés pour vous faire les utiliser. C’est pourquoi l’autodiscipline peut s’avérer particulièrement délicate et qu’il vaut mieux, si vous ne vous montrez pas capable de vous tenir à vos « cinq minutes » auto-accordées durant une pause programmée, supprimer totalement la tentation. Plusieurs outils et solutions sont envisageables, du casier pour les addicts au smartphone aux outils de blocage de type contrôle parental ou applications comme Freedom (qui interdit l’accès aux sites choisis durant un temps prédéterminé non modifiable une fois paramétré).

Créez votre bulle

Sans virer ermite ou asocial, il est important, lors des timeboxes que vous vous êtes bloquées pour avancer sur vos trois grosses pierres, de bien affirmer votre besoin d’espace et de concentration. Les écouteurs peuvent être une solution, en ce qu’à la fois ils vous isolent de votre environnement et vous permettent, avec une musique bien évidemment adaptée de type instrumental et léger ou un fond sonore de relaxation, de vraiment focaliser votre attention, et en ce qu’ils déclarent aux éventuels interrupteurs que vous êtes occupé, et créent une barrière artificielle mais concrète qui ne sera pas franchie à moins d’une vraie urgence.

Envisager une demi-journée de travail à l’extérieur du bureau (dans un café, dans la nature, en bord de mer…) pour les tâches administratives par exemple peut également faire des miracles, le changement d’environnement pouvant booster la motivation et la créativité, de même qu’une alternance entre travail au cabinet / bureau et travail à la maison, sous réserve encore une fois de planifier un emploi du temps réfléchi et non pas de transformer son café préféré ou son foyer en annexe du bureau. Il ne s’agit pas de faire plus, mais de faire autrement, pour faire mieux.

Passez aux communications asynchrones

L’ennemi principal de la productivité est la communication synchrone, c’est-à-dire la communication classique où les deux interlocuteurs échangent des informations au même moment. Cette communication (téléphonique, physique, électronique en échange instantané) doit être réservée à seulement deux cas de figure :

  • le sujet ne peut être réglé en moins de trois échanges asynchrones (trois emails ou messages vocaux par exemple)
  • les vraies urgences (panne technique, patient en désarroi, incident…)

Dans tous les autres cas, un échange différé permet de prévoir et d’estimer les créneaux nécessaires au traitement des informations, et donc d’éviter les interruptions, la précipitation engendrant souvent des oublis ou réponses tronquées, et la perte de maîtrise sur sa planification. Imposez-vous une discipline stricte quant aux appels téléphoniques (qui arrangent souvent l’appelant mais pas forcément l’appelé) ou à la rapidité de réponse aux emails (vous n’êtes pas choqué d’attendre trois ou quatre heures voire une journée une réponse à la plupart de vos mails ? Eh bien c’est la même chose pour vos patients et contacts, votre réponse peut attendre son créneau prévu pour cela), ainsi que face aux collaborateurs et patients « bavards », qu’il convient de canaliser gentiment, mais fermement. Afin de limiter la pression et la tentation, et de ne pas donner de « mauvaises habitudes » à vos interlocuteurs, ne consultez pas vos messages plus de trois fois par jour, et jamais en-dehors des heures de travail.

Dites stop aux notifications

Toujours dans une optique de maîtrise des interruptions et tentations, même si cela peut sembler évident, n’oubliez pas de désactiver et de limiter au maximum les notifications entrantes, qu’il s’agisse de mails, de SMS, mais aussi de toutes ces applications annexes que nous utilisons au quotidien et qui se rappellent à nous via smartphone ou ordinateur durant la journée. Chaque fois que vous installez une nouvelle application, définissez par défaut les notifications au strict minimum une fois pour toutes, et ne négligez pas le mode avion lorsque vous êtes en session de travail. De même pensez à vous désabonner des newsletters inutiles plutôt que de les supprimer à réception.

Accélérer : le « FAST »

Imaginez qu’il est 19H30, vous êtes seul dans votre cuisine avec vos sacs de courses et quinze amis sont en route pour dîner avec vous dans une heure. Vous devez évidemment vous organiser (mettre en route les tâches passives comme allumer le four ou décongeler la viande) et vous concentrer (en écartant votre portable et en éteignant la télévision), mais cela ne suffira pas : il faut maintenant accélérer substantiellement votre temps d’exécution. Pour cela, quatre concepts sont essentiels, regroupés sous l’acronyme FAST (rapide en anglais) :

« Fundamentals » : les bonnes conditions de départ

On ne part pas en randonnée après une nuit blanche ou une séance de sport intensive, on n’abat pas un arbre avec une hache émoussée. Les fondamentaux, c’est-à-dire la préparation et une condition physique et émotionnelle optimale, sont ainsi les prérequis à la productivité, quelle que soit la méthode appliquée. Du repos, une hygiène de vie correcte, de l’exercice, le respect de votre rythme biologique sont autant de décisions impactant votre efficacité professionnelle et votre état d’esprit. Ne considérez pas le temps passé à prendre soin de vous comme du temps perdu : c’est du temps investi qui se capitalisera par une productivité accrue et donc une rapidité d’exécution plus importante.

Les conditions matérielles d’exécution sont également un élément fondamental de l’efficacité. Un ordinateur qui vous fait perdre dix minutes par jour à cause d’une vitesse de chargement limitée, du matériel qui tombe en panne ou fonctionne au ralenti, un logiciel confus ou à l’utilisation redondante peuvent représenter une perte de temps (et donc de productivité, et donc de bénéfice) plus importante que vous ne le pensez. C’est pourquoi il ne faut pas lésiner sur la qualité du matériel utilisé quotidiennement. Pour mieux évaluer l’opportunité de vos investissements, chiffrez simplement la valeur concrète d’une heure de votre travail et estimez les gains de temps concrets à long terme de chaque solution sur cette base. Vous vous rendrez ainsi compte que si ce taxi à 15 euros le trajet vous fait gagner deux heures de transport ou cet ordinateur à 1000 euros une demi-heure d’attente totale par jour devant votre écran, ils sont ainsi amortis en très peu de temps et vous feront gagner plus à long terme.

« Automation » : l’automatisation des actions récurrentes

C’est la règle d’or de la productivité, quel que soit votre secteur d’activité : si vous effectuez une tâche ou une action plus d’une fois (par jour, par mois, par an…), il faut trouver un moyen de l’automatiser. À l’heure actuelle, les outils numériques proposent de nombreuses options d’automatisation du traitement des échanges dont beaucoup sont négligées alors qu’elles peuvent vous faire gagner chacune plusieurs minutes par jour et vous soulager de beaucoup d’actions fastidieuses et pensées parasites :

  • laissez votre ordinateur remplir les formulaires. La plupart des logiciels externes ou même simplement des solutions d’enregistrement de vos informations par votre navigateur sont ultra-sécurisés. Plus la peine de passer dix minutes à remplir vos informations ou de perdre du temps à chercher votre carte bancaire. Des outils comme Dashlane ou 1Password vous permettent même de regrouper et appliquer tous vos identifiants et mots de passe, vous laissant ainsi un seul méta-mot de passe à retenir pour l’ensemble de votre navigation.
  • laissez votre ordinateur traiter et trier vos mails. La plupart des boîtes mail (notamment Gmail ou Outlook, très performantes sur ce point) vous permettent un tri un amont en classant directement les courriels entrants soit par couleur soit dans des dossiers dédiés, vous permettant d’en estimer l’urgence et l’importance en un coup d’œil en fonction de l’expéditeur, du sujet etc. Les outils de réponse automatique en fonction d’un mot ou groupe de mots présents dans le message se démocratisent également (par exemple message automatique de refus poli pour toutes les demandes provenant d’expéditeurs hors entreprise et contenant « demande de stage » ou « candidature spontanée » si vous ne recrutez pas). Des outils comme Mixmax décuplent les possibilités de votre boîte mail existante, en permettant par exemple l’envoi de messages programmés en différé ou de rappel automatique à défaut de réponse.
  • laissez votre ordinateur gérer vos process. De nombreux outils de plus en plus perfectionnés permettent l’automatisation des communications répétitives et informatives ou le tri et classement automatique de beaucoup d’éléments différents (factures, dossiers) dégageant du temps et de l’attention pour les tâches ou échanges réellement importants. L’intelligence artificielle progresse également, et « perdre » quelques heures à apprivoiser la reconnaissance vocale (dicter ses messages plutôt que les taper, puisqu’on parle toujours plus vite qu’on n’écrit), la dactylographie numérique, ou des assistants virtuels comme JulieDesk (qui peut par exemple fixer seul un rendez-vous en analysant votre planning, en tenant compte de vos préférences de lieux préenregistrées et en proposant directement des créneaux à votre interlocuteur) peut se révéler extrêmement rentable à long terme.

« Speed » : l’accélération d’exécution des tâches

L’automatisation va s’étendre à la substance même des tâches répétitives en accélérant les gestes concrets à effectuer et leur nombre. Par exemple :

  • analysez le temps passé sur chaque application, site ou logiciel grâce à un outil comme RescueTime qui mesure le temps passé sur chaque interface. Repérez les visites les plus chronophages et les raisons de ces durées, pour réfléchir aux moyens de les réduire.
  • n’hésitez pas à vous perfectionner en dactylographie pour améliorer votre vitesse de frappe, ou à utiliser des logiciels de dictée performants.
  • usez et abusez des modèles prédéfinis (actes, dossiers, courriers) et raccourcis ; par exemple, des options de rédaction intuitive dans la plupart des boîtes mails et traitements de texte vous permettent de remplacer automatiquement les deux ou trois premières lettres d’une phrase par la phrase entière, ce qui est pratique lorsque vous utilisez régulièrement des formulations similaires ou donnez des informations récurrentes comme adresse, horaires, formules de politesse, numéros à rallonge comme la sécurité sociale ou l’IBAN, SIRET etc.
  • pensez généralement au gain de temps sur la durée, et pas seulement immédiat, et ne tombez pas dans le piège de perdre un temps fou par manque de clarté ou de précision pour avoir voulu gagner quelques secondes / minutes. L’exemple typique de ce travers est « l’échange ping-pong » par mail, de type :

« Voici la présentation de plan de traitement de Monsieur X.

  • Bien reçu.
  • J’attends tes commentaires.
  • Ah… sur le fond ou sur la forme ?
  • Les deux !
  • Il y a une erreur page 4.
  • Voici la version corrigée.
  • Parfait pour moi.
  • Super, peux-tu transmettre à Y qui doit la présenter au patient ?
  • Copie du message de transmission à Y ».

Vous avez envoyé et reçu 10 emails, qui même s’ils ont demandé moins de temps de réflexion et de rédaction représentent tout de même 5 tâches à part entière + 5 éléments à traiter, alors que si vous aviez dit :

« Voici la présentation de plan de traitement de Monsieur X. Si c’est OK, merci de l’envoyer à Y qui doit la présenter au patient, sinon me préciser ce qui doit être revu.

  • Il y a juste une erreur page 4
  • Version corrigée ci-jointe.
  • Copie du message de transmission à Y ».

Vous évitiez 6 des interruptions / tâches pour le même résultat.

  • privilégiez les raccourcis clavier, très simples une fois l’habitude prise et beaucoup plus rapides que l’utilisation de la souris pour beaucoup d’actions courantes (couper, copier, coller, insertion de caractères spéciaux…), et également fort pratiques dans des programmes comme Excel ou Google Sheets (changer de case, répéter une action…), la plupart des boîtes mails (répondre, archiver, transférer…) et des navigateurs (ouvrir/fermer un onglet, rouvrir onglet fermé par erreur, passer d’un onglet à l’autre ou placer le curseur dans la barre de recherche…)

« Twenty-eighty rule » : 20% des efforts pour 80% de l’impact

Le principe dit de Pareto selon lequel (en moyenne) 20% des causes produisent 80% des effets est valable en tout temps, en tout lieu et dans n’importe quel domaine. Si vous savez déjà par exemple que 20% des patients génèrent 80% du chiffre d’affaire ou que 20% des dysfonctionnements sont responsables de 80% des problèmes, c’est la même chose pour votre gestion du temps et votre organisation : seuls 20% de vos actions, idées, processus, méthodes vont être à l’origine de 80% de votre efficacité. Il est donc important de monitorer vos résultats et de concentrer vos efforts principaux sur ce qui fonctionne, sans perdre de temps avec des détails insignifiants ou des gains vraiment trop minimes.

Pour conclure, il est bon d’avoir en tête l’objectif profond de cette recherche d’efficacité, autrement dit ce que l’on veut faire concrètement de cette « vingt-cinquième heure » gagnée sur notre temps de travail. On en revient toujours à la notion de bonheur et d’épanouissement personnel, et il ne s’agit pas de gagner du temps pour travailler et gagner plus, mais bien pour vivre mieux, ce qui ne passe pas nécessairement par une augmentation du revenu mais peut-être plutôt par plus de tranquillité d’esprit et de disponibilité (une meilleure organisation, plus de concentration et d’efficacité, c’est moins de stress, plus de plaisir au travail, plus de temps libre pour ses passions externes, ses proches, sa santé…). Une étude a montré qu’au-delà de 75 000 $ (environ 66 000 euros) de revenu annuel, la sensation de bonheur se fait plus illusoire voire diminue proportionnellement à l’augmentation des revenus. Un revenu confortable, c’est celui qui vous permet de vivre, de gâter vos proches, de vous soigner, de faire face aux dépenses imprévues et aux loisirs sans inquiétude du lendemain. Au-delà, il s’agit souvent de paraître, ou de compenser des manques émotionnels ou psychologiques rarement compensables par le matériel. Historiquement, ce n’est que depuis la révolution industrielle que le travail, et en fait moins hypocritement le revenu du travail et par extension le confort matériel, a été érigé en valeur absolue. De tous temps, le travail a été considéré comme une nécessité annexe voire une punition, et les valeurs importantes celles de la culture, de la vie sociale ou familiale, de la spiritualité… Attelez-vous donc à optimiser votre efficacité non pour produire et engranger plus, mais pour travailler moins et mieux. Personne ne dit sur son lit de mort : « j’aurais tellement aimé passer plus de temps au bureau… »

 

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